banquet

 

Repas fastueux ou solannel, réunissant un grand nombre de convives à l'occasion d'une fête ou d'un évenement marquant de la vie sociale ou politique.
Etant donné la quantité des mets à préparer et à servir, le banquet est rarement d'une grande finesse gastronomique.
Le mot, qui date du 14è siècle, vient de l'italient banchetto, "petit blanc" sur lequel s'asseyaient les invités.

 

Fonction sacrée et vertus civiques.
Très tôt dans l'histoire de l'homme, la notion de repas en commun s'est confondue avec un rite magique : l'individu devait se concilier les forces mystérieuses de la nature pour être heureux à la chasse ; en mangeant avec ses compagnons l'animal qu'ils avaient tué, il reconstituait ses forces physiques et mentales.
Les sacrifices grecs étaient suivis d'un banquet : la viande était rôtie, partagée entres les assistants et mangée sur place, non loin de l'autel.
C'était d'ailleurs une des rares occasions où les citoyens mangeaient de la viande (de boeuf en particulier).
Dans ce contexte, le banquet était un acte de communion très significatif, sens que l'on retrouve dans les agapes des premiers chrétiens.
Il y avait aussi, dans la Grèce antique, des banquets entre hommes, où comptaient surtout la conversation, la discussion philosiphique, les jeux de société et les chansons ; Platon en donne une évocation dans le Banquet.

Le banquet civique est également né chez les Grecs, dans le but de commémorer la mémoire des Anciens : ces "repas de la cité", à caractère cérémoniel, se déroulaient dans l'enceinte du prytanée ; y participaient des citoyens élus, vêtus de blanc et couronnés de fleurs.
Ils devinrent même obligatoires à Sparte.
Cette tradition fut reprise sous la Révolution française avec les "tables lacédémoniennes", pour que la nation "tienne son grand banquet", dans l'espoir de voir se réunir en joyeuses tablées publiques les pauvres et les riches "portant des toasts au son de toutes les cloches".
Mais ces repas fraternels tournèrent court.

 

Faste et réjouissance publiques.
C'est avec les Romains que le banquet devint l'occasion d'étaler un luxe ostentatoire avec un grand souci de la mise en scène, que les réunions fussent publiques ou privées.
A partir de l'époque de Charlemagne, la coutume voulait que le vassal offrit un banquet à son seigneur au moins une fois par an.
La parade et le décor y étaient de règle. La à ce luxe. Les municipalités organisaient des banquets chaque fois qu'un événement mettait en présence le peuple et son souverain.
En février 1548, les ambassadeurs suisses venus à Fontainebleau pour le baptême de Claude, septième enfant d'Henri II et de Catherine de Médicis, furent invités à un banquet "historique" : comme c'était en période de carême, on servit, en place de viande, "lamproies, tortues, truites, ombles, anchois, harengs, escargots, pâtés de grenouilles, de carpes et d'anguilles".
En 1571, la ville de Paris fêta l'entrée d'Elisabeth d'Autriche dans la capitale par un banquet somptueux, au menu duquel figurait, entre autres, de la baleine.

 

Pouvoir et politique.
Les banquets se doublèrent inévitablement de visées politiques. Quand Louis XIV traitait des centaines de courtisans dans les jardins de Versailles, il cherchait avant tout à montrer sa puissance par le faste de la réception, et Talleyrand, qui mit l'art culinaire au service de la diplomatie, disait à Louis XVIII : "Sire, j'ai plus besoin de casseroles que d'instruction."

Le banquet fut également un instrument de politique intérieure. Sous Louis-Philippe, le ministre Guizot supprima le droit de tenir des réunions publiques à des fins politiques. Les électeurs se réunirent allors dans des banquets pendant lesquels ils discutaient sous l'égide d'hommes célèbres comme Lamartine et Ledru-Rollin. Guizot fint par les interdire, mais trop tard.
On rapporte que le roi confiant, aurait déclarai : "Les Parisiens ne troqueront pas un trône pour un banquet".

 

Le plus grand banquet du monde.
Le 14 juillet 1889, un banquet offert par le gouvernement de la République, sous la présidence de Sadi Carnot, réunit tous les maires de France au palais de l'Industrie, à la Bastille.
Cette idée fut reprise par Emile Loubet pour le fameux "banquet des maires" du 22 septembre 1900. Filets de boeuf poulardes de Bresse et ballotines de faisan figuraient au menu, prévu pour ranimer l'esprit républicain des édiles de la nation : 22 295 maires furent conviés dans le jardin l'occasion, et servis par les garçons de Potel et Chabot, qui circulaient à bicyclette le long des sept kilomètres de tables.

De nos jours, les banquets sont plus modeste. S'ils restent de mise au niveau des chefs d'Etat, ils ne rassemblent plus guère, par ailleurs, que des associations, corporations et confréries diverses, dans les "salles pour noces et banquets" que mettent pour ce type de service. Les événements de la vie sociale sont plutôt fêtés par des lunchs, des cocktails et des garden-parties.