Une portion de frites avec des moules et une chope de gueuze, des tartines de beurre et du café, des cochonnailles et un verre de genièvre (en particulier pour la « dressée » du Noël liégeois, qui associe boudins, tête pressée, oreilles et pieds de porc) : ces clichés sont exacts, mais la gastronomie belge dispose quand même d'autres ressources. Voici, par exemple, un menu de fête typiquement wallon : soupe aux pois et au jambon fumé, suivie d'une cocotte de mousserons au jus, puis d'un râble de lièvre aux airelles entouré de cwènes di gattes croustillantes (petites pommes de terre des Ardennes en forme de « cornes de chèvre ») ; ensuite, des grives mijotées avec de la sauge et des baies de genièvre précèdent un fromage de Herve crémeux et coulant, et le repas s'achève par une rombosse (pomme cuite dans un carré de pâte) ou, avec le café, par une doreye (tarte au riz parfois fourrée de macarons).

Attachée à ses spécialités régionales (à l'anversoise, à la brabançonne, à la bruxelloise ou à la liégoise), à ses traditions locales, sinon familiales, la cuisine belge a aussi ses grands classiques, comme le hochepot, le waterzoi et les vogels zonder kop (littéralement «oiseaux sans tête»). La pomme de terre et l'endive (witloof) dominent le répertoire des légumes, sans oublier les asperges, les jets de houblon et les choux de Bruxelles. Les poissons sont particulièrement à l'honneur, surtout les anguilles (« au vert », dans une sauce où se retrouvent l'ortie, la menthe, l'estragon, le cerfeuil, etc., mais aussi en pâté, en meurette, en matelote, en daube), le merlan, en papillote ou au vin blanc, et le hareng sous toutes les formes.

 

Des influences étrangères. Les vicissitudes de l'histoire ont laissé leur empreinte dans la gastronomie, comme en témoignent le poisson à l'escabèche et l'oie à l'instar de Visé (cuite au pot, puis découpée en morceaux enrobés de chapelure et rôtis, servis avec une sauce à l'ail et à la crème), apprêts inspirés de la cuisine espagnole et qui remontent au xVi« s.

 

Par ailleurs, le commerce est, depuis toujours, une activité essentielle de ce pays : au XIII« s., on importait à Damme du beurre de Norvège, du raisin et du miel du Portugal, des fromages anglais, du cumin et du sucre du Maroc. Du temps de l'Empire romain, le fameux jambon des Ardennes se vendait déjà sur les marchés de Lugdunum (Lyon), d'où les Flamands auraient rapporté les couques, inspirées, dit-on, d'une recette gallo-romaine.

Autre caractéristique de la gastronomie belge : la bière (chimay, lambic, gueuze, orval, trappistes, kriek, etc.). Cette boisson nationale (parfois concurrencée par les vins français) sert à cuisiner plusieurs spécialités : les carbonades, le lapin aux pruneaux, les choesels, le brochet à la gueuze, le flan d'Orval (aux poireaux et au jambon).

La pâtisserie belge est riche et plantureuse avec les gaufres de Namur et de Bruxelles, les brioches de Verviers au sucre candi, les cramiques aux raisins secs, les speculoos, les moques* de Gand, les pains d'amandes et les pains d'épice.